La crise du Covid-19 a fragilisé davantage les populations précaires de la ville. A Genève, des distributions de nourriture et de biens de première nécessité ont été organisés à la Patinoire des Vernet, sous l’impulsion de l’association la Caravane de la solidarité.
Série de témoignages récoltés avec Médecins Sans Frontières lors de la distribution du 8-9 mai 2020.
Suisse, 2020. © Nora Teylouni / MSF
« J’ai vraiment peur d’attraper le Covid et que mes enfants l’aient aussi. Ils sont tout ce que j’ai de plus précieux. Je suis espagnole, je suis arrivée à Genève il y a 7 ans. J’ai trois enfants, ma fille est en Espagne mais je vis avec mes deux fils ici. Ils sont bien plus grands que moi, ils ne font pas leur âge mais ils ont 15 et 16 ans. Tous les deux ont des problèmes. Le premier est hyperactif et le deuxième les docteurs viennent de lui diagnostiquer une maladie psychiatrique. Je pense que c’est la séparation avec mon mari qui a été l’élément déclencheur de sa maladie. Donc je cours d’un médecin à l’autre, psychologue, psychiatre. Il prend tous les jours des médicaments. Même avec la crise il n’a pas eu de problème pour les avoir, c’est une chance, mais c’est vrai que les services sont moins disponibles, on fait les rendez-vous par téléphone.
Je suis femme de chambre dans un hôtel, je gagne CHF 1 500 (environ 1400 euros) par mois. Le loyer coûte CHF 950 (890 euros) pour deux pièces, mes enfants dorment dans la chambre et moi dans le salon. C’est sûr que j’aimerais qu’on vive tous les trois dans une petite maison, on serait bien, mais ce n’est pas possible. Avec le Covid, je ne travaille plus, je n’ai plus d’argent et les factures tombent. Les factures tombent... Je dois bien nous nourrir tous les trois alors j’achète de la farine, du riz, toujours le moins cher. J’aimerais pouvoir offrir à mes enfants une alimentation variée : du poulet, de la salade, des fruits. Mais tout ça c’est trop cher pour moi. Je vends quelques empanadas à mes amis qu’ils achètent pour m’aider mais ce n’est vraiment pas grand-chose. Moi j’adore faire à manger alors je leur en fais des montagnes d’empanadas.
Je me maquille et personne ne voit que je suis triste. C’est seulement quand je suis seule que je me mets à pleurer. Mais je veux montrer à mes garçons que je suis forte, je veux leur montrer l’exemple, je ne veux pas qu’ils voient la tristesse. Malgré tout ça, grâce à mes fils, je suis la femme la plus heureuse du monde. On est heureux tous les trois. Celui qui est hyperactif est toujours de bonne humeur et qu’est-ce qu’il nous fait rire. Ils me prennent dans leur bras et me disent toujours « Maman, tu dois te reposer un peu. Assieds-toi et repose-toi maintenant ».
« En voyant l’appel sur les réseaux sociaux, on s’est dit que ce serait une bonne idée de faire d’une pierre deux coups, comme nous amenions aussi les courses pour les personnes âgées dans le cadre de la Croix-Rouge suisse.
Avant de voir la file de la semaine passée à la télévision, tous ces gens qui venaient chercher l’équivalent de CHF 20 (19 euros) de biens de première nécessité, on ne se rendait pas compte du nombre de personnes qui sont dans la précarité ici, à Genève. Il y a sûrement beaucoup de gens qui se disent que, de toute façon, ce genre de choses n’arrive pas chez nous. Parce qu’on se dit : « on est tellement riche, notre système fonctionne tellement bien ». Alors avoir une image aussi forte et aussi proche de nous ici et maintenant, même si c’est triste à dire, c’est une prise de conscience qui, espérons-le, va faire bouger un peu les gens dans leur manière de voir les choses. Il y a des besoins, et ce n’est pas parce qu’on est à Genève qu’il ne faut pas aider ou qu’il ne faut pas qu’il y ait des gestes solidaires ».
« Je n’ai pas eu de décès dans mon entourage, seulement quelques connaissances qui ont été malades. Avec cette épidémie, on est plus attentifs aux gestes ordinaires, plus sensibles aux autres et à soi-même. J’ai dû aller vivre chez mes parents pour les aider, faire les courses, etc. Du coup, on a appris à s’apprécier en passant plus de temps ensemble. Socialement, c’était plus difficile. La vie s’est ralentie, c’est comme si c’était un dimanche permanent. Mais dans cette situation, on se rend compte à quel point avoir la santé est précieux. D’habitude, on en a conscience que lorsqu’on est malade. Là, on a pu saisir l’importance tout en étant en bonne santé.
Je suis née à Kaboul, en Afghanistan, mais après l’invasion soviétique de l’Afghanistan en 1981, ma famille a fui. Nous sommes arrivés comme réfugiés ici, alors je sais ce que c’est que de quitter son pays, d’apprendre une nouvelle langue. Pour mes parents, c’était encore plus dur, car ils ont dû abandonner une vie établie. Alors je partage une histoire commune avec beaucoup des personnes qui sont ici pour la distribution.
Le Covid met en lumière une part importante de la population dans le besoin. Mais la Suisse a une histoire humanitaire forte. Ces valeurs de partage sont très ancrées. On a plutôt l’habitude que cela se passe hors des frontières, mais avec cette distribution, être solidaire devient quelque chose de très concret. Les gens ont été généreux à tout point de vue. C'est vraiment magnifique de voir cet élan de solidarité et surtout être tellement nombreux aujourd’hui. Et être témoin de ce moment et en faire partie me touche énormément.
Je devais être bénévole pour le marathon de Genève ce week-end, alors quand on m’a proposé de venir aider car la caravane de la solidarité cherchait des personnes qui parlent des langues moins courantes : je parle le persan et le pachtoun. Alors ce type de bénévolat est nouveau pour moi, mais c’est un bon coup d’envoi pour continuer dans cette voie ! »
The COVID-19 outbreak is still ongoing in Switzerland. The state of semi-confinement, in which the canton of Geneva has been since 16 March, is considerably reducing the number of frequent crossing points that could be targeted by one-off or daily actions. Environmental hygiene measures and use of PPE are also required to protect staff involved in patient transport.
Since mid-March, MSF is supporting the Geneva university Hospitals in their medical response. This sharing of experience focuses on the management of patients that have contracted Covid-19, as well as on how to organise medical teams and services in the hospital.
Switzerland, COVID-19 response in Intensive care unit of HUG. A group of nurses and doctors turn a patient on her stomach to clear the lungs so she can breathe better. April 14, 2020. ©Nora Teylouni / MSF
Switzerland, COVID-19 response in Intensive care unit of HUG. April 14, 2020. ©Nora Teylouni / MSF
Switzerland, COVID-19 patients in Intensive care unit of HUG. MSF nurse Kathrine Zimmermann supports the intensive care unit of the Geneva University Hospitals for people with COVID-19. She is standing in the dressing room with her colleagues for the night shift. April 14, 2020. ©Nora Teylouni / MSF.
Geneva, 2020 April 14. Intensive care in HUG with Kathrine Zimmermann, intensive care nurse in support to the COVID-19 response. © Nora Teylouni / MSF
Switzerland, COVID-19 response in Intensive care unit of HUG. COVID-19 patient in intensive care for 2 weeks. April 14, 2020. ©Nora Teylouni / MSF
Switzerland, COVID-19 response in Intensive care unit of HUG. A group of nurses and doctors turn a patient on her stomach to clear the lungs so she can breathe better. April 14, 2020. ©Nora Teylouni / MSF
Switzerland, COVID-19 response in Intensive care unit of HUG. April 14, 2020. ©Nora Teylouni / MSF
Switzerland, COVID-19 response in Intensive care unit of HUG. A group of nurses and doctors turn a patient on her stomach to clear the lungs so she can breathe better. April 14, 2020. ©Nora Teylouni / MSF
Switzerland, COVID-19 patients in Intensive care unit of HUG. MSF nurse Kathrine Zimmermann supports the intensive care unit of the Geneva University Hospitals for people with COVID-19. April 14, 2020. ©Nora Teylouni / MSF.
Switzerland, COVID-19 response in Intensive care unit of HUG. A group of nurses and doctors turn a patient on her stomach to clear the lungs so she can breathe better. April 14, 2020. ©Nora Teylouni / MSF
Switzerland, COVID-19 response in Intensive care unit of HUG. Safety glasses. April 14, 2020. ©Nora Teylouni / MSF
Switzerland, COVID-19 response in Intensive care unit of HUG. April 14, 2020. ©Nora Teylouni / MSF
Campagne Médecins Sans Frontières, 2020
Switzerland, “Ne rien faire n’est pas une option”. March, 2020. ©Nora Teylouni / MSF
Switzerland, “Ne rien faire n’est pas une option”. March, 2020. ©Nora Teylouni / MSF
Switzerland, “Ne rien faire n’est pas une option”. March, 2020. ©Nora Teylouni / MSF